Nous assistons depuis le début de l’année à une réelle flambée du cours du coton. Cette matière première, base de l’industrie textile mondiale provoque de plus en plus de tensions.
Swann vous propose un petit décryptage de cette tendance haussière pour savoir ce qu’il adviendra de vos chemises sur mesure.
La fibre de coton provient des cotonniers « véritables », arbustes qui poussent dans les régions tropicales et subtropicales arides.
A la floraison, apparaissent de grandes fleurs blanches à cinq pétales, qui se transforment ensuite en capsules aux parois épaisses et rigides, contenant des graines. Ces graines sont recouvertes de fibres blanchâtres et soyeuses pouvant mesurer de deux à cinq centimètres, que l’on récolte pour produire le fil de coton.
Quatre espèces de fibres de coton sont cultivées.
Cultivé dans plus de 120 pays, le coton est l’une des principales cultures du monde. Depuis les 50 dernières années, le coton occupe environ 2,5% de la surface agricole mondiale cultivée.
Depuis les années cinquante, la part du coton dans la marché du textile est passé de 70% à 38% (notamment due à l’accroissement de part de marché des fibres synthétiques) mais reste la première fibre utilisée. Sa production mondiale s’élève à plus de 25 millions de tonnes par an, ce qui est environ 5 fois plus que toutes les autres fibres naturelles réunies.
Les principaux pays producteurs sont la Chine (27%), les Etats-Unis (19%), l'Inde (18%) et le Pakistan (8%), l’Ouzbékistan et le Brésil.
Evolution de la production mondiale en millions de tonnes
Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les statistiques du Comité consultatif international du coton (CCIC)
Depuis le début du siècle dernier, la consommation mondiale et la production mondiale ont toujours augmentée ensemble de 2% environ chaque année. Mais depuis la seconde guerre mondiale, on assiste à une augmentation de la consommation entre 3 et 4,5% par an. Mais le principal phénomène est que les principaux producteurs sont aussi les principaux utilisateurs de coton.
D’après le CCIC (Comité consultatif international du coton), sur la période 1980/81-2007/08, la Chine, les Etats-Unis, l'Inde et le Pakistan auront compté ensemble pour plus de 55% de la consommation mondiale. La consommation de ces pays a, en outre, augmenté en terme de volume (voir graphique ci-dessous). Elle a, notamment, été multipliée par 3 pour la Chine et par plus de 3 en ce qui concerne l'Inde.
Evolution de la consommation mondiale ainsi que des consommations nationales des principaux pays consommateurs en millions de tonnes
Source : Secrétariat de la CNUCED d'après les statistiques du Comité consultatif international du coton (CCIC)
Nous sommes donc sur un marché avec une consommation qui croit plus rapidement que la production depuis plusieurs décennies, ce qui provoque une constante augmentation du prix. Mais les tentions extrêmes du marché et la flambée des prix de cette année trouvent leurs sources ailleurs.
Avec une variation du prix du coton de plus de 13% sur les derniers 5 jours et de plus de 84% en 1 an, le secteur de l’habillement est inquiet. En effet, la part du prix du coton représente entre 40 et 50 % du prix du tissu final. Cette variation importante du coût de la matière première a donc un impact direct sur les marges de tous les acteurs de la filière.
Evolution du cours du coton sur 1 an :
Cette hausse des prix est le résultat de plusieurs facteurs intervenus à intervalles rapprochés. En voici un décryptage.
Baisse des stocks
Le premier facteur est la baisse des stocks mondiaux. Ils sont en recul de 24% à 9 millions de tonnes en 2010. Cette baisse intervient après une période de 5 années de stocks élevés.
La forte diminution des stocks en 2009/10 s’explique notamment par la reprise de l’utilisation industrielle mondiale du coton de 5 % à 24,6 millions de tonnes, dépassant largement la production, qui a baissée de 7 % à 21,8 millions de tonnes.
Une météo capricieuse
Dans un deuxième temps, une autre raison majeure de cette hausse est que de nombreux pays producteurs de coton, l’Inde (deuxième exportateur), la Chine (qui est aussi le premier consommateur mondial) ou encore le Brésil ont subis de mauvaises récoltes cette dernière année.
En Chine, une série de violentes intempéries ces derniers mois c’est abattue sur les récoltes de coton. Combinées aux préoccupations liées aux dégâts causés par les inondations d’août sur la production cotonnière du Pakistan en 2010/11 et aux retards attendus (de 2 à 6 semaines) pour la récolte en Chine et en Inde, le prix du coton reste soutenu.
Le Pakistan, avec une récolte prévisionnelle de 14 millions de balles mais une récolte réelle de 11,6 millions, en raison d’une météo capricieuse, doit importer en urgence du coton en provenance de son voisin Indien. L’inde, quant à elle, a été obligée de plafonner ses exportations (explications ci-dessous). Cette situation contribue elle aussi à faire flamber les prix à Karachi.
La place aux cultures nourricières
Aux Etats-Unis, "Un grand nombre d'hectares de coton ont été remplacés par d'autres cultures plus rentables comme le soja ou le blé", comme l’a souligné Dax Wedemeyer, de US Commodities dans une récente interview.
Ingérences gouvernementales
L’Inde, troisième producteur mondial vient d’annoncer qu’elle va imposer des quotas à l’export de la fibre de coton, afin de faire face à la pression de son industrie textile. Il en est de même avec l’Ouzbékistan, troisième exportateur mondial, qui a dû limiter ses exportations afin de garder un peu de matière première pour son industrie textile.
La spéculation
Enfin, et comme toujours, les fonds et spéculateurs prennent part à ce marché. D’autant plus que le coton est l'une des matières premières agricoles les plus recherchées actuellement avec le maïs, a ajouté l'analyste Dax Wedemeyer.
Tous ces éléments contribuent évidemment à l’augmentation du prix des tissus. Pour le moment, parmi les marques qui ont été consultées sur ce sujet, seules les enseignes H&M et Levi's ont envisagé des augmentations de tarifs. La flambée des cours du coton, mais aussi de la laine et des fibres chimiques (comme le polyester ou la viscose) ne se traduira pas nécessairement par une hausse des prix à court terme. Ce sont plutôt les marges générées par les différents acteurs de la filière textile/habillement (filature, tisseurs, façon) qui risquent d'être rognées, assurent la plupart des professionnels du secteur.
Néanmoins cette situation commence à durer. Sur le moyen et le long terme, il est à prévoir que les distributeurs n’auront pas d’autres choix que d’augmenter leurs prix de vente.
Sources:
Wikipedia Coton - Romandie Coton - Romandie Coton - Usine Nouvelle Coton - Affaires Stratégiques - Tout Sur la Chine - Les Echos - le coton - Le Figaro - Le coton